Dernière journée dans la ville de Yangshuo, à environ 80 kilomètres de Guilin. A 9h30, nous retrouvons notre guide chinois et qui parle français, M. Liu, pour une promenade en minibus dans les alentours de cette ville de 20’000 habitants mais qui accueille chaque année près de 14’000’000 de touristes, principalement chinois.
Si la ville est belle mais pas exceptionnelle, son environnement lui nous a complètement séduit! Le jour précédent (cliquer ICI), nous avions pu découvrir ce paysage unique qui a fait la célébrité de Guilin et de ses environs, lors d’une croisière sur le 漓江 (fleuve Li). Si personne n’est resté insensible à la beauté du paysage, le fait de découvrir ça sur un bateau en a frustré plus d’un! Au contraire, durant cette journée, nous allions pouvoir nous promener, que ça soit dans un véhicule ou à pied. Une balade d’un peu plus de deux heures qui nous a fait découvrir les rizières, encore en friche mais également quelques petits villages sans infrastructures touristiques, si ce n’est les vendeuses de souvenirs qui nous ont littéralement harcelé, nous poursuivant sur leurs scooters! Voilà ici quelques clichés de cette belle matinée…
A cette époque, pas de riz mais quelques légumes et surtout des friches...
Notre mini-bus...style "Fous de Volant" mais avec la vitesse en moins!
Fleur de pêcher
Canal d'irrigation
Que je vous présente un peu, de gauche à droite, de haut en bas: ma maman, mon papa, mon grand-père, moi-même, mon parrain et ma grand-mère
Retour près de 阳朔 (Yangshuo). Ici, des radeaux de bambou
L’après-midi, une mini-croisière nous attend. D’habitude peu attirer par ce mode de découverte, cette fois-ci, je n’ai pas été déçu. C’est sur une embarcation de bambou, propulsée par un petit moteur, que nous avons un peu plus découvert les environs de Yangshuo, serpentant la 遇龙江 (rivière Yulong) qui est en fait le prolongement de la 漓江 (rivière Li). Pour reprendre les termes de mon parrain, on se serait cru au paradis! Ce n’est d’ailleurs pas un hasard que ces paysages si particuliers se retrouvent très fréquemment sur les peintures chinoises. Ils étaient également une source d’inspiration infinie pour les poètes.
Après environ 1h30 à voguer, nous arrivons dans le village de 福利 (Fuli). Principalement tourné vers la pêche, ce village de 1200 habitants accueille également les touristes en leur proposant, outre les babioles que l’on trouve un peu partout, des peintures sur éventail, la spécialité du coin. Nous avons d’ailleurs passé un bon moment dans un magasin tenu par une famille ou apparemment chacun a reçu la fibre artistique. J’ai craqué pour un paysage de Guilin, façon moderne. Mon parrain et ma grand-mère pour une représentation de 4 jeunes femmes ayant existé pendant la Chine impériale et dont la beauté faisait des ravages, 四美 (les 4 belles): La première, 貂禅 (Diaochan), qui a vécu pendant la période des Royaumes Combattants, était si belle que lorsqu’elle se baladait sous la lune, celle-ci se cachait, impressionnée par la beauté de la jeune femme. La deuxième, 王召君 (Wang Zhaojun), qui vécut sous la dynastie Han, provoquait la chute des oies qui, devant tant la beauté de celle-ci, en oubliaient de battre des ailes! Les poissons étaient les victimes de la troisième, 西施 (Xishi) qui vécut elle pendant la période des Printemps et Automnes. Alors qu’elle allait laver son linge, les poissons, hypnotisés par la belle, en oubliaient de nager, les faisant couler à pic! Enfin la quatrième, 贵妃 (Guifei) qui vécut pendant la dynastie Tang, provoquait la honte des fleurs qui préféraient se refermer à la vue de Guifei.
J’ai aussi acquis un exemplaire original de juin 1967 du fameux livre rouge, agité par les foules pendant la Révolution Culturelle qui se déroula entre 1966 et 1976. C’est pendant cette période que Mao obligea les étudiants à aller “上山下乡” (“monter dans la montagne, descendre à la campagne”). En gros, les universités ont fermé leur portes et les jeunes gens étaient obligés d’aller à la campagne, Mao jugeant que leur éducation devait se faire par le travail de la terre. Comme le dit notre guide, c’est une “génération sacrifice”. Il nous raconte d’ailleurs que lorsqu’il était enfant, il tenait à l’école un fameux petit livre rouge contre son coeur et devait chanter des louanges à Mao…
Buffle d'eau
Une porte de 福利 (Fuli). On peut y lire (de droite à gauche) 水天一色: L'eau et le ciel de la même couleur.
Dans l'atelier où nous avons acheté les peintures des 4 belles et moi un paysage de Guilin. Ici, la fabrication d'un éventail
Eventails en construction
Pilon qui sert à fabriquer des galettes de riz collant
Cour intérieur du magasin avec, au fond, les 厕所 (WC)
Nous terminons notre journée par un spectacle monté par le créateur de la cérémonie d’ouvertures des Jeux Olympiques de Pékin: 张艺谋 (Zhang Yimou). Alors qu’il n’avait que 8 ans, il regarda le film 刘三姐 (Liu Sanjie). Sorti en 1961, il raconte l’histoire des trois filles de la famille Liu. L’histoire se déroule naturellement à Guilin. Aujourd’hui un classique connu par tout le monde, Zhao Yimou, également producteur de film, voulut rendre un hommage à ce film culte. Après réflexion, il décida de créer un spectacle dont la première représentation se déroula en 2003: 印象 — 刘三姐 . Nous arrivons donc dans un complexe spécialement construit pour la représentation que l’on peut voir tous les soirs, sauf en hiver. Un théâtre à ciel ouvert, tourné vers la rivière Li et les montagnes. Ils font d’ailleurs partie intégrante du spectacle grâce à un jeu de lumière incroyable. Nous avons pris les places les moins chères (210 RMB/personne) mais nous étions tout devant. Le seul désagrément - une ambiance de fête au village. Durant l’heure pendant laquelle dura le spectacle, les gens n’arrêtaient pas de parler très fort, de bouger et j’en passe…
Malgré tout...comment décrire ce spectacle… Moi, le seul qualificatif qui me vient serait “truc de ouf”! Très franchement, je n’avais jamais vu de ma vie une telle représentation. Tout était gigantesque: 650 acteurs, 2500 places, des montagnes éclairés de toutes les couleurs, de la musique digne d’Hans Zimmer (“Gladiator”, “Le Dernier Samouraï”, “La Chute du Faucon Noir”, …)… Du grand art, au sens propre comme au figuré!
Le site, de jour, durant la croisière de l'après-midi
Mon appareil n'était vraiment pas adéquat à saisir cet incroyable spectacle. Néanmoins voilà une image où l'on peut voir une file de figurant, tout illuminés.